Lorsque l’on parle du Brésil, difficile de faire l’impasse sur le Carnaval, le Football et bien sûr la Capoeira. Inscrite officiellement au patrimoine culturel du Brésil, cette dernière est un art martial atypique derrière lequel se cache une lourde histoire intimement liée aux victimes de la traite négrière portugaise au XVIe siècle.
L’histoire de la capoeira est née des souffrances endurées par les esclaves qui, à cette époque, n’avaient le droit ni de porter des armes ni de pratiquer des arts martiaux. Plus précisément, la capoeira est un chef-d’œuvre noir-africain qui fut créé sur le sol brésilien et qui puise ses racines dans les techniques de combat et les danses rituelles africaines. À la base de cet art martial sous forme de danse se trouve ladite « Ginga ». En quoi ça consiste exactement ?
Capoeira : de quoi parle-t-on ?
Avant que l’on ne s’attarde sur les particularités de la Ginga, faisons un rappel sur ce que c’est vraiment l’art martial dont elle est la base : la capoeira. Cette dernière a fait son apparition vers l’année 1537, durant l’époque coloniale au Brésil. Elle doit son apparition à l’extraordinaire rencontre des différentes cultures africaines sur le territoire brésilien.
Passée au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2014, la capoeira est un art martial alliant danses traditionnelles africaines et techniques de combats. Si les esclaves de l’époque y ont intégré des mouvements de danse, c’était dans le but de dissimuler sa véritable nature. Ils n’avaient en effet pas le droit de pratiquer des arts martiaux. En d’autres termes, cet art martial afro-brésilien se trouve à mi-chemin entre la danse et le combat et comprend des techniques d’attaque et d’esquive. C’est cette particularité qui distingue la capoeira des autres sports de combat.
Par ailleurs, on distingue généralement 2 types de capoeiras, à savoir la capoeira Angola qui représente les racines de cet art martial, et la capoeira régionale. Si la première est plus lente et se pratique proche du sol, tout en finesse et en tactique, la deuxième est plus acrobatique, plus dynamique, plus aérienne et plus défensive. Chaque jeu de capoeira, Angola et régionale, développe des capacités et des forces différentes. La capoeira Angola accorde plus d’importance à la ruse et à l’exécution des mouvements. La régionale, quant à elle, améliore l’agilité, les réflexes, la vitesse et les performances physiques. Quoi qu’il en soit, ces deux variantes de la capoeira sont toutes deux basées sur la Ginga.
Ginga : qu’est-ce que cela signifie ?
Soulignons avant tout qu’en portugais, Ginga (prononcée jeen-gah) veut dire « jeu de jambes ». C’est bien sûr parce que la capoeira utilise beaucoup les pieds, les mains des esclaves étant enchaînées à l’époque où ils donnèrent vie à cet art martial. Ainsi, la Ginga est la base de la capoeira et la source d’où provient toute la sémiotique (la communication et le sens des signes) de cette dernière. C’est à partir de ce mouvement (mouvement alternatif des bras et des pieds) composé de flux continus que se construisent et se finissent les sauts, les coups ainsi que les autres mouvements. La Ginga conditionne de surcroît le swing du capoeiriste, une sorte de balancement aussi continu que fluide.
Autrement dit, dans la Ginga, attaques et défenses se succèdent et donnent du sens. Elle permet aux capoeiristes de laisser libre cours à la créativité, d’explorer en puissance une infinité de mouvements corporels et de lier ces derniers entre eux, ou encore de changer continuellement de position de façon à créer de la confusion.